Par la Dr Irene Wisheu - Directrice, pratique environnementale, Umalia
Lorsque Teck s'est retiré d'un projet de sables bitumineux en Alberta, le président et directeur général Don Lindsay a écrit dans sa lettre au gouvernement fédéral que "les marchés financiers mondiaux changent rapidement et les investisseurs et les clients recherchent de plus en plus des juridictions qui puissent mettre en place un cadre qui concilie le développement des ressources et le climat changeˮ. Il a en outre cité un manque d'accord autour des considérations de politique climatique. Les considérations auxquelles Lindsay a fait référence sont certainement très complexes ; elles impliquent la conciliation par les gouvernements canadiens entre le développement des ressources, le changement climatique et les droits des autochtones. Mais il y a tout de même une leçon à tirer de ce retrait à petite échelle.
Les changements rapides poussent les parties prenantes à exiger des messages clairs sur la durabilité.
Teck n'est pas le seul à exprimer un besoin de clarté sur les messages relatifs à la durabilité. Le PDG de BlackRock, Larry Fink, a souligné dans sa lettre aux PDG de 2020 que "le risque climatique est un investissement riskˮ et que les parties prenantes exigent donc une meilleure divulgation de la manière dont les entreprises gèrent les questions de durabilité. De même, un nombre croissant de demandes de propositions envoyées font référence à la durabilité dans l'offre.
D'autres parties prenantes font également pression pour que les entreprises divulguent et améliorent les questions de durabilité. Les consommateurs, par exemple, réagissent négativement à une entreprise qui est peu engagée dans la durabilité environnementale (voir note 1). Cette aversion se traduit par une perte de ventes, 78 % des consommateurs déclarant qu'ils n'achèteront pas un produit s'ils n'aiment pas l'entreprise (voir note 2). De même, les employés ont des attentes changeantes. Par exemple, 50 % des millénaristes veulent travailler pour des organisations ayant des pratiques éthiques (voir note 3).
Les valeurs sociales se transforment et on attend désormais davantage des entreprises. Outre l'attrait pour les parties prenantes, un message clair de la part d'une entreprise renforcera le sentiment de bien commun.
La majorité des cadres estiment que cela entraîne la satisfaction des employés (89%), des produits/services de meilleure qualité (81%) et une plus grande fidélité des clients (80%) (voir note 4). Les entreprises qui ont un sens aigu de l'objectif à atteindre déclarent également avoir plus de succès que leurs homologues dont l'objectif est mal compris ou mal communiqué pour ce qui est de l'expansion géographique (66% contre 48%), de la participation à une acquisition/fusion (57% contre 49%) ou du lancement de nouveaux produits (56% contre 33%) (voir note 5). Un objectif clairement défini peut également conduire les entreprises à la réussite économique, les entreprises orientées vers un but précis multipliant par quatre leur chiffre d'affaires par rapport à leurs homologues (682 % contre 166 % sur une période de onze ans) (voir note 6).
L'impact que le retrait de Teck aura sur l'économie de l'Alberta peut être débattu pendant longtemps, mais les raisons qui le motivent peuvent nous servir de leçon commerciale dès maintenant.
1. Choi, S. and A. Ng (2011), Environmental and Economic Dimensions of Sustainability and Price Effects on Consumer Responses,Journal of Business Ethics 104:269-282, Springer Link
2. Tonello, M. (2013),The Sustainability Business Case,Harvard Law School Forum on Corporate Governance, June 28
3. Deloitte (2014), Big demands and high expectations; The Deloitte Millennial Survey - Executive summary
4. Harvard (2015), The Business Case for Purpose,Harvard Business Review Analytic Services Report
5. Ibid
6. Kotter, J.P. and J.L. Heskett (2011), Corporate Culture and Performance, Free Press, Reprint edition.